présentation
- C’est quoi un GST ?
Un GST ou groupement sanitaire territorial est un nouveau modèle d’organisation des établissements de santé d’une même région qui regroupera tous ces établissements-là (à part quelques exceptions) en une seule structure.
C’est un instrument de pilotage régional.
Il remplacera la DRS (direction régionale de santé).
Il est doté d’une personnalité morale, d’autonomie financière et de gestion, et se retrouve sous la tutelle de l’Etat. En d’autres termes, un GST est un établissement public qui se gère et se finance par lui même et qui ne sera plus dépendant du ministère de santé.
- Quelles sont ces exceptions ?
Les établissements de santé publics ne faisant pas partie du GST sont: les hôpitaux militaires, les bureaux de santé collectifs, et ceux soumis à des textes réglementaires et à application spécifique.
- D’où vient l’idée du GST?
Le gouvernement marocain est en train d’entreprendre une refonte ou réforme du système de santé, et le projet GST en fait partie.
Ce projet s’inscrit dans le cadre du NMD (nouveau modèle de développement) qui est un chantier national de changements et d’amélioration des différentes instances de l’état, entre autres le système de santé.
Il a été présenté par la loi 08-22.
Il a commencé après qu’une délégation d’acteurs en santé publique venant de Rabat et Tanger s’ait réunie pour travailler sur l’implantation des GST, afin de conforter le Ministère dans son idée de changement.
En parallèle, le PMR (projet médical régional) est élaboré par le Ministère de l’Intérieur et le chef du gouvernement avec l’aide du cabinet Southbridge. Le PMR est un projet de pilotage dont le but est de concrétiser l’idée du GST et d’en créer un plan stratégique: établir l’organigramme, le design, la stratégie, et l’impact économique du GST.
- Où se fera le projet pilote ?
La région de Rabat-Salé Kénitra est le point de départ du projet GST.
La région de Fès-Meknès abbrite le projet pilote appartenant au PMR.
- Quels sont les principes du GST ?
D’après le NMD, les GST seront opérationnalisés selon différents principes: fusion des instances de prestation des soins, autonomie de gestion, autonomie de financement basée sur les assurances et un modèle hybride de facturation, création d’un établissement régional de santé autonome capitalisant sur le CHU, changement du statut du personnel et de leur rémunération.
Notez-bien, le CHU ne va pas disparaître, il fera partie d’un ensemble: il gardera ses attributions même au sein du GST, mais la coordination entre différents établissements et niveaux sera sujette à modification.
- Quels sont ses objectifs ?
L’objectif principal du GST est de régionaliser la santé marocaine pour assurer une meilleure coordination entre établissements, une meilleure gestion des ressources humaines et matérielles, un parcours de soins plus fluide, un renforcement de la santé publique.
La mission des GST s’étale sur 5 volets: l’offre de soins, la santé publique, la formation des professionnels de la santé, la recherche et l’innovation.
- Les étudiants vont faire leurs stages dans le GST ?
Les étudiants effectueront leur stage au niveau des différentes unités de soins, CHU, CHR, CHP inclus, dans des services accrédités et encadrés par des maîtres de stages qui sont soit universitaires (CHU) ou chefs de service formés et supervisés par un professeur universitaire (CHR/CHP).
points forts/ points faibles:
points forts:
- mutualisation: La mutualisation des ressources (mettre en commun des moyens) aura pour conséquence d’optimiser les ressources, mais l’implication du patient doit être la plus faible possible (norme internationale est de 10%).
- organisation plus cohérente: Avec tous les établissements de soins sous une seule autorité, le parcours de soins ainsi que les ressources seront mieux gérées. Le patient sera bien orienté et pris en charge, son dossier se trouvera dans les différentes unités de soins, et beaucoup de temps sera gagné. Les ressources seront bien réparties selon les établissements, les services sans qu’il y ait surcharge ou manque.
- partenariat privé/public plus engagé: le GST, comme méga-structure qui fusionnera tous les établissements sanitaires publics avec leurs ressources, fera du secteur public un secteur beaucoup plus puissant et avec plus de poids devant le secteur privé.
points faibles:
- taille importante de la structure GST: Le GST abritera à Rabat seulement un peu plus de 350 établissements de santé, ce qui fait de lui une méga-structure dont la gestion s’avérera un vrai challenge. Certes, la taille du GST est un atout, mais si les bases sont faibles, le système s’écroulera.
- différence de culture professionnelle entre urbain et rural: Les CHU et CHR/CHP représentent deux extrêmes d’un spectre de mentalités: Le CHU se surcharge en soins de tous les niveaux, alors que le CHR/CHP délègue plus qu’il n’admet.
Pour information, le CHU présente des soins tertiaires (soins complexes, formation des étudiants), et le CHR/CHP des soins primaires (gestes simples, de prévention)
- corporatisme: Le corporatisme désigne, de manière péjorative, l’attitude consistant à défendre les intérêts de sa corporation, de sa caste ou de son groupe social. Dans un établissement de santé, différentes professions évoluent au sein de la même structure, chacune avec son corps de représentants, ses droits, ses revendications. Un manque d’entraide et de respect mutuel entraîne une vision centrée sur le bénéfice personnel et décentrée de l’intérêt général. Ce qui crée alors une toxicité de l’environnement de travail.
- déséquilibre personnel/patient: Actuellement, on observe un effectif du personnel de soins stagnant ou en diminution contrasté à une augmentation exponentielle des patients, surtout les patients âgés et donc des maladies chroniques.
points non-élucidés jusqu’à présent:
- plan d’action ou ingénierie du GST.
- statut du personnel (employé ou salarié).
- mécanismes de transition entre ancien et nouveau modèle (GST).
- réglementation de la mobilité du personnel.
- profession du directeur de GST.