Après 327 jours de grève, l’une des mobilisations étudiantes les plus longues de l’histoire au Maroc arrive enfin à son terme. Les étudiants en médecine, qui se sont battus pour l’amélioration de leurs conditions d’études et de travail, ont obtenu la signature d’un protocole d’accord garantissant la satisfaction de leurs principales revendications. Ce texte met fin à un mouvement d’une durée exceptionnelle, marquant une étape importante pour la formation médicale au Maroc.
Quatre axes principaux de revendications
Le dossier revendicatif des étudiants en médecine se concentrait sur quatre axes principaux. En premier lieu, ils ont exprimé leur refus de la réduction de la durée d’études, soulignant que les cadres pédagogiques de la réforme proposée manquaient de clarté et risquaient de nuire à la qualité de leur formation. La structuration du troisième cycle constituait également un point de désaccord, les étudiants réclamant une organisation plus claire de cette étape clé de leur parcours. En outre, ils demandaient un élargissement des terrains de stage pour accueillir le nombre croissant de nouveaux inscrits, afin de garantir des conditions d’apprentissage adéquates. Enfin, la question des rémunérations jugées insuffisantes pour les stages et le travail effectué par les étudiants était également au cœur des revendications.
Un mouvement long et difficile face à la répression
Ce mouvement de protestation n’a pas été de tout repos pour les étudiants en médecine. Mobilisés à travers tout le pays, ils ont organisé des sit-in locaux et des manifestations nationales, ainsi que des grèves de 8 à 24 heures, souvent interdites par les autorités. Cette mobilisation, marquée par une forte répression, a même conduit à l’arrestation de certains étudiants et à l’exclusion d’autres de leurs facultés. Malgré les nombreux obstacles, les étudiants ont continué à revendiquer leurs droits, refusant de céder face aux pressions et à la répression. Ces sacrifices et cette ténacité ont contribué à renforcer leur détermination et ont attiré une attention médiatique accrue sur leur cause.
Un processus de négociation complexe et l’intervention du Médiateur
Les discussions entre les étudiants et les autorités ont connu des moments difficiles, marqués par des périodes sans réponses et des propositions jugées insuffisantes. Cependant, avec l’arrivée de nouveaux responsables et l’implication de l’institution du Médiateur, le dialogue a repris sous de meilleurs auspices. La Commission nationale des étudiants en médecine a déclaré que les réunions se sont déroulées dans un climat plus positif et participatif, ce qui a permis de débloquer la situation et de parvenir à un accord.
Les gains obtenus par les étudiants
Le protocole d’accord signé garantit plusieurs avancées importantes pour les étudiants :
- Les quatre promotions déjà inscrites continueront selon l’ancien régime. La promotion 2023/2024 bénéficie d’un cursus de six ans, suivi d’une septième année optionnelle, avec la possibilité de choisir un service hospitalier par ordre de mérite.
- Pour l’année dite « bonus », durant laquelle deux promotions seront diplômées, les autorités ont prévu de doubler le nombre de postes pour l’internat et le résidanat afin de garantir une transition en douceur et de répondre à l’augmentation temporaire de diplômés.
- L’arrêt de l’augmentation des effectifs d’étudiants en médecine, permettant une meilleure adaptation aux capacités d’accueil des établissements.
- La structuration du troisième cycle avec un contrat de trois ans pour les résidents, assorti d’un salaire de 12 500 dirhams par mois, apportant davantage de stabilité financière et de reconnaissance professionnelle.
- Une revalorisation des indemnités pour les étudiants : 1 200 dirhams par mois de la troisième à la cinquième année, et 2 400 dirhams pour les étudiants en sixième et septième années.
- Un élargissement des terrains de stage grâce aux Groupements Sanitaires Territoriaux, permettant ainsi aux étudiants de bénéficier de meilleures opportunités de formation pratique.
- Des compléments de formation en langues étrangères, en télémédecine et en simulation médicale, pour diversifier et améliorer la qualité de leur formation.
En outre, les sanctions dues au boycott seront levées, et les bureaux étudiants censurés seront rétablis avec une période de six mois pour régulariser leur statut légal selon les nouveaux règlements internes des facultés. Des modalités spécifiques ont également été mises en place pour permettre aux étudiants de reprendre leurs études dans de bonnes conditions pédagogiques.
Conclusion :
Ce protocole d’accord marque la fin d’un mouvement de mobilisation qui aura laissé des traces sur le plan académique et psychologique. Malgré les défis, cette grève est considérée comme un succès majeur dans l’histoire des mobilisations étudiantes au Maroc, ayant permis aux étudiants d’obtenir la majorité de leurs revendications. Le dialogue entre la Commission nationale des étudiants en médecine et les ministères concernés devrait se poursuivre, dans l’espoir de promouvoir une approche participative pour l’évolution des études médicales au Maroc.