Au Maroc, malgré la gratuité et l’accessibilité des centres de dépistage du VIH, peu y ont recours. Entre peur du regard des autres, manque d’information et tabous persistants, la prévention reste freinée. Pourtant, face à un virus toujours présent, chaque test compte.
Des centres ouverts, mais des consciences fermées
Malgré la disposition du Maroc aujourd’hui de nombreux centres de dépistage du VIH accessibles et gratuits, répartis sur l’ensemble du territoire national, leur fréquentation demeure insuffisante, surtout dans les régions rurales. Le dépistage du VIH est souvent tardif, ce qui retarde l’accès aux traitements antirétroviraux et augmente les risques de transmission, voire la mort.
Plusieurs facteurs entrent en jeu : la méconnaissance de l’existence des centres, la peur d’être jugé ou stigmatisé, ainsi que l’absence d’éducation sexuelle adaptée. Dans ce cadre, un ensemble de mesures s’impose : améliorer la visibilité des services, renforcer la communication entre communautés de santé et d’éducation, sensibiliser les gens à l’efficacité du dépistage précoce et développer le dépistage mobile dans les régions les plus touchées par ce virus.
Prévalence faible, ignorance forte : le paradoxe marocain ?
En 2023, on estimait à 23 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH au Maroc, avec 970 nouvelles infections et 390 décès liés au sida. La prévalence reste faible dans la population générale (0,08 %), mais l’épidémie est concentrée chez les populations clés : 5,3 % chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes qui s’injectent des drogues, 2,2 % chez les acteurs du travail sexuel et 4,6 % chez les migrants.
Cependant, la couverture thérapeutique a progressé : 94 % des personnes connaissant leur statut reçoivent un traitement ARV gratuit, avec un suivi biologique assuré dans 43 centres de prise en charge. Environ 64 % des patients sous traitement présentent une charge virale indétectable. Or, a sensibilisation atteint jusqu’à un million de personnes par an, via des campagnes communautaires, scolaires et mobiles, d’où une baisse des nouvelles infections de 22 % entre 2013 et 2023. La connaissance du statut sérologique est passée de 49 % à 78 %.
Le Maroc, futur modèle africain de la lutte contre le VIH ?
Le ministère marocain de la Santé a lancé sa Stratégie nationale 2030 pour éliminer le VIH, alignée avec les objectifs de l'(OMS) et de l’organisation des Nations Unies contre SIDA l’ONUSIDA. L’objectif est clair : atteindre 95 % de personnes séropositives dépistées, traitées et avec une charge virale indétectable d’ici 2030.
Le plan mise sur la prévention combinée, le dépistage généralisé, l’accès gratuit aux antirétroviraux, l’éducation sexuelle améliorée et la réduction de la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH. Il renforce aussi la proximité des soins via des centres dans les zones rurales et marginalisées, sans oublier les campagnes digitales ciblant les jeunes, principales victimes des nouvelles infections.
Soutenu par l’ONUSIDA et le Fonds mondial, le Maroc investit aussi dans la recherche et des traitements innovants pour construire un avenir sans VIH. L’Association de lutte contre le sida (ALCS) joue un rôle majeur dans la sensibilisation et l’accès aux tests rapides, contribuant à une meilleure prise en charge des personnes vivant avec le VIH.
Prévention, dépistage et traitement : les clés pour lutter contre la propagation du VIH
La lutte contre le VIH repose sur des gestes simples mais essentiels : le dépistage précoce, l’utilisation systématique du préservatif lors des rapports sexuels, l’usage unique de matériel injectable et le recours à des aiguilles stériles. À ce jour, aucun vaccin efficace n’a été développé contre le virus. C’est pourquoi le traitement antirétroviral (ARV), prescrit dès la détection de la maladie, reste la meilleure arme contre le VIH, car il empêche la transmission du virus et prolonge l’espérance de vie.
Se faire tester, ce n’est pas douter, c’est agir.